Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
A la fin de l’année
Depuis le commencement du nouvel An, les cérémonies du thé se sont succédé : la première cérémonie de l’année ; celle organisée par l’Association des Ecoles de thé de Tokyo à l’occasion de l’anniversaire de fondation de la nation le 11 février; celle organisée le 25 février afin d’honorer la divinité ‘Tenjin’ que révérait notre père fondateur Kobori Enshu. Et la traditionnelle cérémonie du thé à la mémoire de ce dernier aura lieu le 14 mars. En ce qui concerne la première cérémonie de l’année, depuis six ans, nous l’organisons aussi bien à Tokyo qu’à Fukuoka dans l’ouest du Japon.
Lorsqu’on est hôte dans une cérémonie du thé, il y a plusieurs éléments sur lesquels on réfléchit.
Ces éléments sont le thème de la cérémonie, la combinaison des matériels, le repas et les gâteaux à offrir etc. Certes, il y a des choses immuables qui s’imposent tous les ans, mais il y en a d’autres qui changent selon l’ampleur de l’invitation, les horaires de la cérémonie et le flux des invités. Lorsque l’hôte a réussi à préparer des matériels adaptés aux circonstances, il se sent tout-à-fait heureux.
Tous les éléments de la cérémonie doivent avoir été préparés avant la veille de celle-ci, sauf l’arrangement floral. Les fleurs sont des êtres animés dont on ne peut prévoir la configuration future. Donc, on prépare l’arrangement des fleurs le jour de la cérémonie. Il n’en demeure pas moins que, si l’on a une volonté ferme, on aura de fortes chances de réussir. SI bien que, lorsque je suis invité à une cérémonie du thé et que je vois un arrangement floral peu adapté aux circonstances, je suis vraiment attristé.
Ce que je ressens le plus lorsque je donne une cérémonie du thé, ce sont les réactions de mes invités. A travers les propos que les invités tiennent en saluant l’hôte-ce sont souvent des remerciements et des propos sur le temps qu’il fait-, l’hôte arrive à savoir si la cérémonie fait réellement plaisir aux invités ou si c’est de la frime. Surtout, lorsque, dans une séance de thé foncé, j’entends un invité me dire « c’est bon » juste après avoir pris une gorgée, je me sens moins à l’aise que si j’entends un invité me dire « c’est bon » après avoir pris son temps de goûter le thé. Dans le dernier cas, l’hôte et l’invité pourront avoir une conversation beaucoup plus animée.
Dans une séance de thé à participation nombreuse, la conversation entre l’hôte et l’invité d’honneur est un facteur déterminant pour la réussite ou non de la cérémonie. Le rôle de l’invité d’honneur me paraît donc important.
On dit : « l’hôte doit comprendre le sentiment de l’invité et celui-ci doit comprendre le sentiment de celui-là ». Ces paroles sont d’une portée profonde.
On a intérêt à se rappeler qu’en apprenant l’art de thé, on apprend la manière dont on devrait se conduire dans ses rapports humains.
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