L’ère « Reiwa »[mois de juin 2019]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

L’ère « Reiwa »[mois de juin 2019]

La nouvelle ère « Reiwa » a été promulguée. Elle sonne très bien et j’appelle de mes vœux en tant que citoyen qu’elle soit prospère et heureuse. Au moment où paraitra cet article, aura été organisée avec pompe la cérémonie d’intronisation du nouvel empereur et je présente toutes mes félicitations avec vous pour cette succession.


Je me félicite du nom de la nouvelle ère d’autant que j’ai toujours souhaité que celle-ci contienne la lettre « wa ». Celle-ci a été utilisée nom pas au sens concret de paix, mais au sens d’apaisement ou d’adoucissement. Cette dernière acception est bienvenue dans un contexte où la vie moderne nous incite à aller toujours plus vite.


Vous vous souviendrez que le thème du poème de cette année était la « lumière ». Lao-zi, penseur chinois ancien, laissa la phrase suivante : Adoucissez votre lumière et intégrez-vous dans la masse. Ici, lumière signifie talent ou génie. Kobori Enshû, fondateur de l’école Enshû Sadô, appréciait beaucoup cette idée. Comme il avait plein de talents, il gardait celle-ci toujours présente à l’esprit pour ne pas tomber dans l’arrogance, suppose-je.


L’autre lettre composant le mot « Reiwa » est « rei ». Elle est tirée du recueil de poèmes le plus ancien du Japon « « Manyôshû ». C’est la première fois qu’une ère japonaise a été tirée d’un texte japonais. « Rei » peut signifier plusieurs choses dont la beauté. La publication de la nouvelle ère a permis aux jeunes Japonais de découvrir à nouveau la richesse de la langue japonaise.


L’un des types de thé épais de ma préférence s’appelle ‘ka-rei-no-shiro’. Vous voyez que la lettre « rei » figure dans ce mot. Comme j’ai beaucoup utilisé ce thé épais dans les différentes manifestations liées à ma prise de succession de mon père en 2001, la lettre « rei » m’étais déjà familière.


Le 1er avril, le jour où le nom de la nouvelle ère a été rendu public, j’ai feuilleté le « Manyôshû et y ai trouvé un poème merveilleux. Celui-ci consiste à dire que, si les pruniers se fanent, les cerisiers succèderont. Il est bien indiqué pour cette période où l’empereur Heisei, ayant guidé le peuple japonais dans la voie de la paix, cède la place à son fils qui ne manquera pas d’agir dans ce sens. L’esprit d’harmonie et d’unité est bien la quintessence de la tradition japonaise. Et il est extrêmement important pour l’art de thé