Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Le passage d’une saison à l’autre[mois de juin 2018]
Tout d’un coup, l’été est arrivé. Le fait que des températures de plus de 25 degrés se succèdent en avril et en mai est pénible pour notre corps. En plus, entre-temps, il y a des chutes de température qui rendent davantage difficile l’adaptation de notre corps. L’expression japonaises « un climat agréable », qui nous est chère, est de moins en moins utilisée.
Je pense qu’un tel changement climatique influe beaucoup sur l’esprit de nos compatriotes. En effet, contrairement à autrefois, les informations que nous recevons quotidiennement aujourd’hui sur des sujets aussi variés que la politique, l’économie, le monde du spectacle et les sports sont souvent basées sur ce manichéisme « le blanc ou le noir », « le bien ou le mal », « oui ou non » et « la victoire ou la défaite ».
Quad j’étais jeune, j’ai fait un séjour dans la famille à l’étranger. J’ai eu souvent l’occasion de discuter de la différence entre les cultures japonaise et européenne avec les membres de la famille d’accueil et mes camarades de l’école que je fréquentais. A travers ces échanges, j’ai constaté de la différence religieuse et raciale et des divergences de vues émanant de celle-ci.
J’ai pensé que les phénomènes météorologiques, le climat et les saisons constituent le facteur clef de cette différence. A mon avis, les personnes vivant dans une région où l’écart entre la température maximale et la température minimale dans une journée est important ont souvent des positions tranchées sur tel ou tel sujet. D’un autre côté, les personnes habitant une région où les quatre saisons sont bien présentes comme les Japonais sont souvent douces. Si je prends l’exemple du Japon d’autrefois, il y avait entre deux saisons des jours de transition. Ceux-ci nous ont permis de créer le mot « utsuroi » (transition saisonnière ou passage d’une saison à l’autre). J’ajouterai que la langue japonaise concevait des mots et des expressions quelque peu vagues qui étaient prêtes à interprétations diverses.
Or, comme je l’ai déjà dit, l’esprit des Japonais s’articule désormais sur deux pôles, « le blanc ou le noir », « supérieur ou inférieur » ou « la droite ou la gauche ». Je pense que deux facteurs contribuent à ce phénomène : considérer la mondialisation comme un courant positif qui va dans le sens de la standardisation ; et les conséquences qu’a le changement climatique dramatique sur les esprits.
Quelle que soit l’époque, la recherche de la vérité et la sincérité devront demeurer des valeurs morales essentielles pour les hommes. Il nous est indispensable de nous en rendre compte.