Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Echanges culturels en Europe[Novembre 2015]
Arrivée la période du ro, beaucoup de cérémonies du thé sont organisées un peu partout au Japon. Personnellement, j’ai présidé successivement une cérémonie de thé léger et épais au pavillon de thé de Sôten-an et une cérémonie de présentation de thé lors de la fête de Tenka-taihei à Sumpu. Une multitude de cérémonies du thé sont encore prévues.
Suite au voyage à Singapour en août dernier, j’ai effectué une tournée en Allemagne et en France du 21 au 29 septembre, accompagé d’une délégation. En Allemagne, j’ai orgnisé un cours de cérémonie du thé pour enfants au Max Planck Gimnasium (un établissement d’enseignement secondaire) situé à Trier, la plus ancienne ville de ce pays. Cette manifestation, dont l’initiative a été prise par M. Aubert, conseiller d’honneur de la division internationale de l’école Enshû, a réuni des lycéens et des citoyens. J’ai utilisé l’étagère « Tenrai » que j’avais offerte à cet établissement scolaire l’an dernier. Et notre délégation est partie ensuite pour la France avec, dans ses bagages, cette étagère que j’ai empruntée pour la circonstance.
En France, nous avons organisé quatre manifestations en trois jours. Arrivés à Paris le 23 septembre au soir du Luxembourg, le lendemain matin, nous nous sommes rendus à la résidence de l’Ambassadeur du Japon à Paris pour préparer la cérémonie du thé prévue à partir de midi. M. Yoichi Suzuki, Ambasadeur du Japon en France, et moi-même nous connaissons depuis que celui-là représentait le Japon à Singapour. C’est avec un total soutien que nous avons pu organiser cette cérémonie du thé.
Quittant la résidence de l’Ambassadeur à 15 heures, nous sommes arrivés à 16 heures au Musée de Clémenceau situé à Paris. Et nous nous sommes mis à préparer la cérémonie du thé prévue à partir de 18 heures. Le Musée de Clemenceau est une oeuvre de transformation de la résidence d’un grand homme politique dont il porte le nom. La cérémonie terminée à 20 heures, nous avons été invités à un dîner qui s’est déroulé jusqu’à 23 heures 30.
Le lendemain, nous avons effectué une visite de courtoisie au siège de l’Unesco. De 14 heures à 14 heures 50, j’ai donné une conférence sur l’esprit du Chanoyu devant une cinquantaine de représentants de pays divers de cette organisation internationale. J’ai eu l’impression que ces personnalités écoutaient attentivement ma prestation. J’ai observé qu’un air sérieux se dégageait de ces dernières.
A l’issue de la conférence, dans un autre bureau, j’ai offert du thé à trois personnalités du Secrétariat général de l’Unesco dont M. Falt, représentant de la Directrice générale Mme Bokova qui était malheureusement absente aujourd’hui en raison de sa participation au congrès de l’Onu. Dans la conversation que nous avons eue, M. Falt nous a dit : « J’ai le sentiment que le thé que vous m’avez offert a purifié mon esprit ». J’en étais très heureux.
Le 26, le film « Mon père est un grand maître de thé » a été passé dans la Maison de la culture du Japon. La représentation a fait salle comble. La séance de questions-réponses qui a suivi celle-ci était très animée et a duré une demie heure. Je suis toujours frappé agréablement par la multitude de questions que je reçois après avoir donné une conférence à l’étranger. Avant la représentation du film, le thé que nous avons offert aux invités dans le hall de la Maision de la culture du Japon a eu un tel succès que nous avons dû retarder la séance du film de plus de 30 minutes. Les gens venaient sans arrêt à notre stand. On a offert du thé léger durant la prestation qui s’est servi de l’étagère « Tenrai ».
Tout au long de notre voyage, notre emploi était très serré et les manifestations tenues à Trier et à Paris étaient extrêmement enrichissantes. Le bilan de cette tournée européenne peut se résumer à ceci : les étrangers commencent à s’intéresser petit à petit certes, mais sûrement, à la culture japonaise, en particulier au Chonayu et notre rôle est réellement important.