Les saisons[Avril 2016]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

L’hospitalité[Mai 2016]

Nous assistons désormais à une saison où la verdure s’embellit et où la brise nous caresse agréablement. Cette année, l’épanouissement des fleurs de cerisiers a duré assez longtemps, donc nous nous en sommes réjouis pleinement.

Le quartier où se situe ma maison est l’un des sites le plus agrémentés de cerisiers dans Tokyo. La rue de Sotobori où donne ma maison et la rue de Yasukuni qui se situe juste au-delà de celle-là accueillent beaucoup de visiteurs à cette saison. La période d’épanouissement des cerisiers plantés rue Sotobori et celle des cerisiers plantés rue Yasukuni ont un écart d’une semaine, ce qui fait que l’on peut s’en réjouir environ deux semaines. Et si vous allez un peu loin que Yasukuni, vous pouvez voir les cerisiers de Chidorigafuchi et encore un peu plus loin ceux de la Maison impériale.

Depuis l’année dernière, on constate que de nombreux touristes étrangers s’y promènent. Ils sont bien sûr les bienvenus, mais il paraît que leur présence pose problème en raison des différences culturelles et coutumières. Et les médias ne manquent pas de rapporter presque tous les jours de petits ennuis, voire incidents surgis dans ce cadre-là de manière burlesque.

En matière d’accueil des touristes étrangers, la politique du gouvernement japonais soulève quelques questions. Celui-ci lance le slogan « rayonnement du pays par le tourisme » et prend une série de mesures destinées à attirer des touristes étrangers. Et à ce chapitre, il ne cesse de recourir au mot « hospitalité ». Mais à la lumière du contenu de cette politique gouvernementale, force est de constater que celle-ci ne vise qu’à augmenter tout simplement le nombre de touristes étrangers et que s’y lit en filigrane le principe de « priorité aux intérêts économiques ».

Par ailleurs, comme je le dis souvent dans ces colonnes, l’hospitalité prend tout son sens lorsque celui qui reçoit et celui qui est reçu s’entendent mutuellement. Selon une expression propre à l’art de thé, « l’hôte doit connaitre le sentiment de l’invité et celui-ci doit connaitre celui de l’hôte ».

Rien ne marche si l’effort est unilatéral. Pour se réjouir de l’art de thé, il faut respecter certaines règles et manières. Ceci peut s’appliquer à toute chose. J’ai l’impression que nos compatriotes d’aujourd’hui se comportent de manière trop humble lorsqu’ils sont hôtes. Nous devrions prendre conscience de nos propres valeurs. Je pense que c’est une des clefs pour relever le défi de la mondialisation.

Enfin, la revue « Enshû », parue pour la première fois en juillet 1978, publie ce mois-ci sa six centième édition. Que celle-ci intervienne alors que j’atteins cette année l’âge de soixante ans me parait être comme un miracle (l’âge de soixante ans correspond à la fin d’un cycle de vie pour les Japonais). La prochaine édition se verra renouvelée. Je remercie à mes lecteurs de la fidélité dont ils ont témoigné jusqu’ici et leur demande de bien vouloir prêter une bienveillante attention à la nouvelle revue. Je saisis cette occasion pour rendre un remerciement appuyé à la maison d’édition « Nikkan Kogyo Shuppan Production » qui s’était chargée de la rédaction de la revue
« Enshû ».