Mon père et M. Seizo Hayashiya[Août 2017]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

Mon père et M. Seizo Hayashiya[Août 2017]

Comme le numéro de juillet a été consacré au septième anniversaire du décès de mon père et celui de ce mois-ci à la mémoire de M. Seizo Hayashiya, grand spécialiste des poteries et porcelaines, je me permets d’évoquer ces deux personnages.

Ces deux hommes se seront rencontrés pour la première fois lorsqu’ils étaient dans la quarantaine. Selon M. Hayashiya, curieusement, ils ont eu chacun une mauvaise impression de l’autre. Je suppose que cela tient au fait qu’ils étaient à cette période-là encore fougueux.

C’est depuis l’âge de soixante ans que mon père a réellement consolidé ses liens avec M. Hayashiya. Bien sûr, entre-temps, Ils se sont vus lors d’expositions sur Enshû etc. A l’occasion de la célébration de ses soixante ans, mon père organisa une série de cérémonies du thé qui s’est étalée sur un an. M. Hayashiya m’a dit un jour que celle-ci avait été faite pour moi.

Ce spécialiste des poteries et porcelaines fut un jour l’invité d’honneur d’une cérémonie du thé à l’occasion de l’installation d’un furo. Il disait souvent par la suite qu’il avait été impressionné par la beauté de la cendre du furo. Il a particulièrement apprécié le lent processus de sècheresse de la cendre dite ‘humide’ que nous utilisons entre la première entrée des invités dans le salon et la fin de la séance de thé épais après la deuxième entrée de ces derniers.

Cette histoire a des suites. Depuis cette cérémonie du furo, ayant été invité exclusivement à des cérémonies de ro, M. Hayashiya a demandé à être invité à une cérémonie de furo. Le jour de l’invitation, j’étais chargé du service d’eau et étais particulièrement attentif à la qualité de la cendre, se souvenant des paroles élogieuses de M. Hayashiya. Sans me le dire, mon père devait être y attentif lui aussi.

M. Hayashiya n’a pourtant rien dit de la cendre ce jour-là pendant la cérémonie. Il m’a dit par la suite que la cendre était un peu trop sèche. J’ai dû faire sa remarque la sienne.

A cette période, mon père organisait parfois deux cérémonies du thé dans une journée, une à midi et une autre à 18heures. Mon père était encore relativement jeune et, moi, je voulais multiplier des expériences, étant encore dans l’apprentissage. Lorsqu’il y avait une cérémonie à midi, on remplaçait la cendre utilisée par de la nouvelle cendre, ceci aussi bien pour le furo que le ro.

Mais s’il y a une petite différence, c’est que le furo, s’il est utilisé à midi, est chauffé et, du coup, la cendre est susceptible de sécher plus rapidement. Malheureusement, M. Hayashiya était invité à une cérémonie du soir. Je reste admiratif devant la capacité d’analyse de ce spécialiste.

Lorsque j’en ai parlé à mon père, celui-ci m’a dit, sans évoquer son ami, que j’avais bien compris la chose et que tout est sujet d’étude.