Les chutes de Niagara[Septembre 2013]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

Les chutes de Niagara[Septembre 2013]

A la mi-juillet dernier, j’ai visité le Canada pendant cinq jours. Le but de mon voyage était d’accompagner et d’encourager ma fille cadette Yuko qui devait participer, en tant que représentante du Japon, à une compétition appelée « Coupe du monde du Lacrosse féminin 2013 » qui s’est déroulée du 10 au 20 juillet à Oshawa au Canada.
Comme il y avait peu d’hôtels dans cette ville, ma femme et moi-même étaient logés dans un hotêl à Toronto. Nous allions voir des mutchs tous les jours en faisant une heure de voiture.

La ville de Toronto, où nous séjournions, est la plus grande du Canada. Mais, malgré sa population nombreuse - quatre millions d’habitants-, elle me semblait moins encombrée que Tokyo.
Cela n’empêche pas qu’il y a des embouteillages sur les autoroutes le matin et le soir. Selon les dires de certains habitants locaux, les transports en commun n’y sont pas aussi commodes qu’au Japon et la plupart des salariés se servent de leur voiture pour aller au lieu de travail. En plus, les salariés étant très respectueux des horaires réglementaires de travail 09h00-17h00, les autoroutes sont forcément bouchés le matin et le soir.

Pendant notre séjour au Canada, nous passions le plus clair de notre temps à voir les mutchs et à faire l’aller-retour entre l’hôtel et le lieu de compétition. Mais nous nous sommes dit que, comme nous étions au Canada, il vaudrait mieux aller voir au moins un site touristique. Et nous avons décidé de voir less chutes de Niagara comme il se doit.
J’imagine que, parmi les gens plus âgés que moi, en entendant prononcer le mot « Niagara »,nombreux sont ceux qui pensent au filme portant ce nom dans lequel ont tourné Marilyn Monroe et Joseph Cotten. Le filme date de 1953, bien avant ma naissance. Il a été à l’origine de l’expression « Monroe Walk » (démarche à la Monroe). Bien entendu, je n’ai vu ce filme que bien des années plus tard. Ce qui m’y a impressionné était, à part le côté mignon et coquet de Marilyn Monroe, l’imposant paysage des chutes de Niagara.

Il faut compter une heure et demie pour aller de Toronto à Niagara. Donc cela fait trois heures pour l’aller-retour. Si l’on prévoit trois heures pour la visite des chutes à proprement parler, l’ensemble demanderait six heures.

Lorsqu’on arrive à Niagara, on prend un bateau de plaisance. Mais ce qui m’a étonné était que, bien loin des chutes et avant même que nous ne montassions à bord du bateau, nous avons reçu sur nos vêtements des poussières de gouttelettes. Et après embarquement, lorsque nous arrivions à proximité des chutes, de véritables nappes de gouttelettes nous envahissaient, rendant complètement vain le port de nos imperméables prévus pour la circonstance. L’immense quantité d’eau venant vers nous, comparable à une pluie diluvienne localisée, m’ a à la fois stupéfait et impressionné profondément.

Comme le fameux dicton « Mieux vaut voir une fois qu’entendre cent fois » nous enseigne, on ne saura que si l’on y va. J’ai eu un sentiment profond que le monde me réserve bien des endroits inconnus.