Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Merci pour une excellente journée ![Novembre 2016]
Alors que nous avons le sentiment que l’automne s’installe réellement, nous assistons au début de l’hiver sur le calendrier. Depuis quelque temps, je ne cesse d’évoquer l’anomalie climatique qui se traduit par exemple par la formation de typhons très violents ou qui survivent plus longtemps que ceux d’autrefois. Pourtant, la nature nous réserve des changements de saison avec une fidélité extraordinaire. Tantôt violente, tantôt douce, elle nous inspire du respect.
Le 17 septembre dernier, mes disciples ont eu l’amabilité d’organiser une grande cérémonie du thé au temple Gokoku-ji pour célébrer le soixantième anniversaire de ma naissance. Ces disciples appartiennent aux fédérations de Tokyo, de Fukuoka, de Nagoya, d’Osaka et de Kanazawa. Celles-ci ont tenu chacune une séance de thé avec des concepts innovateurs qui ont contribué à la réussite de la manifestation.
Parmi les invités, on retrouvait de nombreux praticiens appartenant à d’autres écoles de thé. Ils ont eu la gentillesse de me dire qu’ils avaient beaucoup apprécié la combinaison des ustensiles conçue par mes disciples. Ils sont allés jusqu’à estimer que celle-ci était hors pair. J’en étais très fier.
Je pense que l’on apprécie l’école Enshû pour sa sensibilité esthétique qui confère à ses cérémonies une élégance et une harmonie incomparables. Et les séances de thé organisées ce jour étaient d’une diversité qui symbolisait les cinq fédérations. Je puis dire que c’était une des cérémonies du thé les plus représentatives de l’ère Heisei.
Le soir, j’ai été invité à une réception organisée par la fédération de Tokyo à l’hôtel Palace. On comptait environ six cents participants. Avec quatre cents invités de la journée, cela fait mille personnes qui ont célébré l’anniversaire de la naissance. J’en étais très honoré. Lors de la réception, on me réservait des surprises grâce auxquelles mon émotion n’avait pas de fin.
En ce qui concerne l’hospitalité dont il faut faire preuve lors d’une cérémonie du thé, je fais souvent deux remarques. La première est qu’il faudrait faire devant les invités des gestes conventionnels qui permettent de rassurer ces derniers. La deuxième est qu’en plus de la convention, il vaudrait mieux leur réserver des surprises qui leur permettent d’avoir une nouvelle sensation, une nouvelle découverte. Là, l’équilibre est très important. Selon la nature de la cérémonie, le rapport peut être de moitié, moitié, de six à quatre, ou de huit à deux. C’est à l’hôte de décider.
A cet égard, la réception de ce soir était pleine de surprises auxquelles j’étais très sensibles. Je saisis cette occasion pour remercier toutes celles et tous ceux qui ont organisé cette journée extraordinaire. Au sortir de la réception, en voyant la pleine lune du huitième mois lunaire qui brillait au ciel étoilé, je savourais une fois de plus la joie que cette journée m’a offerte.