A propos des jours fériés[mois de février 2018]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

A propos des jours fériés[mois de février 2018]

Lorsque le mois de février s’approche, les différentes manifestations de la fin d’année et du début d’année arrivent à leur terme et nous nous sentons un peu soulagés.

Autrefois, la cérémonie pour célébrer l’arrivée à la maturité était fixée au 15 janvier. A cette époque, on l’appelait communément « la petite fête du nouvel an » et en profitait pour se reposer après avoir rendu toutes les visites de courtoisie et repris son travail. Donc, ce jour férié avait une portée importante. Or, depuis que le gouvernement japonais a décrété que ce jour serait désormais un jour férié mobile pour permettre au peuple de bénéficier de plus de jours de congé consécutifs, la majorité des Japonais ne connaissent plus les origines et la signification de cette fête. Changer des choses importantes par opportunisme, telle me semble être la caractéristique de la société japonaise d’aujourd’hui dans laquelle nous nous sentons déracinés.

J’admets que, lorsqu’on aborde un sujet, il faut qu’on soit tolérant et souple. Mais ceci n’a rien à voir avec la mollesse ou l’opportunisme. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire inutilement des jours de congé consécutifs avec un jour férié. Si les «chapelets de congé », expression désormais obsolète, semblent inconvenables aux acteurs sociaux pour partir en vacances, il sera à ces derniers de prendre les mesures nécessaires, mais non au gouvernement d’arranger les choses. Ce que l’autorité politique doit décider, ce n’est pas de fixer des jours de congé, mais de juger, dans un esprit de synthèse, ce qu’il faut changer et ce qu’il ne faut pas changer.

Je crois savoir que le gouvernement envisage de faire du 1er mai 2019, date prévue pour l’intronisation du prince héritier, un jour férié ou de congé. Précisons que, dans le premier de ces deux cas, le jour férié ne pourrait être applicable que l’année de l’intronisation. Quelle que soit la solution retenue, ce projet ferait dix jours de congé consécutifs à cette période. Si l’on sait que la dernière intronisation a été décrétée jour férié, la prochaine devrait être traitée de la même manière. Dans ce cas, le 30 avril et le 2 mai ne deviendraient pas des jours de congé.

Il me semble important que le peuple japonais tout entier célèbre l’intronisation du prince héritier. De ce point de vue, ce jour devra être un jour férié. Mais, mon opinion personnelle est qu’il n’est pas nécessaire de prendre en considération d’autres éventuelles demandes. A l’avenir, lorsque nous nous souviendrons de cette période de l’année 2019, il sera beaucoup plus intéressant de nous dire « Ah, le 1er mai était le jour d’intronisation de notre empereur ! », que de nous dire « c’étaient dix jours de congé consécutifs ».
Il appartiendra aux acteurs sociaux de décider de faire dix jours de congé consécutifs ou non.