Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
A l’issue du 3e anniversaire du décès de mon père[juin 2013]
Au mois de juin, on sert souvent un gâteau nommé ‘himuro’ dans une cérémonie du thé ou dans une séance d’entraînement. Cette pâtisserie a deux versions, l’une à base de haricots rouges non purée et l’autre à base de haricots rouges purée. D’habitude, j’aime tout ce qui est purée en matière de gâteaux, mais en ce qui concerne le ‘himuro’, je préfère la version haricots rouges non purée. Curieusement, les grains de haricot du ‘himuro’ me gênent pas du tout, bien au contraire, ils me flattent le palais. Et, en mangeant ce gateau, je me dis : « Ah, la moitié de l’année s’est déjà écoulée ! »
Le mois d’avril était particulièrement chargé : il a débuté avec la remise de diplômes aux élèves, suivie d’activités d’échanges internationaux qui m’ont emmené dans deux capitales d’Europe de l’est, Varsovie et Budapest : de retour à Tokyo, j’ai organisé le 24 un service bouddhique célébrant le 3e anniversaire du décès de mon père ; dans la foulée, j’ai fait un déplacement à Nagoya pour assister à une cérémonie du thé organisée par la Fédération locale de l’Ecole Enshû ; les 28 et 29, j’ai organisé des cérémonies du thé en l’honneur de mon père Koshin Kobori Sôkei au Musée Nezu.
Après avoir traversé une période aussi chargée, j’ai eu le sentiment, une fois de plus, que le temps passe vite. Lors des cérémonies du thé au Musée Nezu, il faisait un temps magnifique, les iris poussant devant le pavillon de thé Konin-tei étaient en pleine floraison et les glycines l’étaient aussi. J’espère que ce beau paysage aura rafraîchi les visiteurs physiquement et moralement.
Les cérémonies du thé elles-mêmes se sont remarquablement déroulées grâce aux prestations de MM. Matsu Tadashi et Sekitani Ayu, respectivement l’hôte du thé épais et celui du thé léger. Je saisis cette occasion pour les remercier. Je rends particulièrement hommage à M. Matsu Tadashi qui présidait chaque séance de thé épais dans une petite salle.
En ce qui me concerne, il m’a été très agréable de montrer aux visiteurs du pavillon de thé Ichijuen quelques-uns des ustensiles que mon père aimait et d’évoquer le souvenir de ce dernier avec eux. Et comme lors de la grande cérémonie du thé « Kôetsu kai » dont j’ai été chargé et que j’ai évoquée dans mon récent livre « Le dos de mon père Kobori Sôkei », j’ai eu le plaisir de présenter à mes visiteurs la combinaison des ustensiles. Et c’était la première fois que je me suis présenté aussi bien aux côtés du banc d’attente du jardin que dans le salon de thé. C’était un signal fort que j’ai envoyé à moi-même. Et Asai Sôchô a également servi du thé ces deux jours.
Le fondateur Kobori Enshû célébra solennellement le 33e anniversaire du décès de son père Shinsuke en 1636 à Kurotani. Conscient de l’enjeu que représentait la célébration du 3e anniversaire de la disparition de mon père, je suis aujourd’hui très heureux d’avoir été à la hauteur de l’événement. Alors que, depuis quelque temps, je ressentais souvent l’absence de mon père, cette manifestation m’a permis de faire un pas en avant.