Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Fin[Décembre 2015]
Enfin, nous n’avons qu’un mois avant la fin de l’année. Tout le monde dit que l’écoulement d’une année est très rapide. Cette impression était particulièrement forte pour moi cette année par rapport aux années précédentes.
En fait, la dernière moitié de 2015 était émaillée de visites à l’étranger à savoir à Singapour, en France et en Allemagne, si bien que les autres événements prévus au cours de cette période devaient être exécutés à un rythme accéléré. J’étais parfois obligé de liquider deux ou trois affaires dans une journée.
Avec cet agenda surchargé, j’ai pu accomplir mon devoir de praticien de thé tant bien que mal. Ce qui me donne une certaine satisfaction. De février à mars, j’arrivais à organiser trois ou quatre cérémonies du thé par mois, mais, à partir de mai, j’ai dû renoncer à en faire en raison de l’incompatibilité avec d’autres activités. J’avoue que cela m’a donné une sorte de sentiment de laisser faire, ce qui fait que je n’ai organisé aucune cérémonie du thé en juin et en juillet, et cette situation a duré jusqu’en septembre.
Conscient de cette carence, j’ai concentré mes forces et organisé quelques journées de cérémonie du thé en octobre et en novembre.
Une cérémonie du thé ne peut être assurée que par moi-même, elle demande le concours de ma famille et de mes disciples. En plus, les cérémonies du thé qui sont organisées chez moi doivent être supérieures en qualité à celles organisées ailleurs, pensé-je. Il ne s’agit pas là de comparer ce qui n’est pas comparable. Mais, nous nous efforçons d’atteindre cet objectif quotidiennement. L’idée du père fondateur Enshû et celle que nous faisons la nôtre est que nous devons accueillir nos invités avec une hospitalité qu’on ne peut plus grande.
En tout cas, je suis déterminé à préserver cette idée tout au long de ma vie. En voyant tous ceux qui m’entourent travailler avec moi, je constate qu’ils partagent ma conviction. Ceci n’est pas pour complimenter mes disciples exagérément, je dis ce que je pense réellement. Que je puisse travailler sur la base de cette conviction, c’est grâce à mon père qui m’a élevé, lorsqu’il a atteint l’âge de 60 ans, au rang de grand maître adjoint et qui m’a donné des enseignements en organisant des cérémonies du thé pendant un an.
Selon les signes du zodiaque, l’année prochaine, j’atteindrai moi aussi l’âge de 60 ans. Malgré la différence des périodes, ma conviction rejoint celle de mon père. Je suis déterminé à bien assimiler, avec un sentiment de gratitude, tous les enseignements que j’ai reçus de la part de mon père et de tous les autres que j’ai pu côtoyer jusqu’à présent et à affronter l’année prochaine.