En voyant le Sumo

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

En voyant le Sumo

L’été battant son plein, chaque région du Japon est invitée à trouver une recette pour faire face à la chaleur et faire une économie d’énergie. L’important est que chaque citoyen prenne conscience de la nécessité de cette économie. Mais on ne peut pas appliquer un seul critère à nos compatriotes sans distinction d’âge et de sexe. C’est donc à chacun de se comporter selon sa pensée et sa morale.

En tout cas, je souhaite que notre pays montre l’exemple au monde en matière d’environnement, d’énergie et de nucléaire.

Aujourd’hui, je me permets de vous présenter un épisode qui s’est passé il y a quelques mois.

En mai dernier, un ami à moi m’a invité à voir le sumo. Cette invitation était d’autant plus intéressante qu’elle était pour le dernier jour d’un tournoi et que la place qui m’était réservée était une loge d’avant-scène. J’ai donc accepté cette invitation et y suis allé avec ma famille.

Dans ce tournoi de sumo de mai dernier, plus d’un espérait qu’un lutteur de sumo japonais pourrait gagner le shampionat pour la première fois depuis longtemps. En effet, dans la salle, je trouvais les spectateurs enfiévrés. Du fait que c’était le dernier jour du tournoi, il y avait un climat de tension et d’attente. Vous connaissez déjà le résultat : il y a eu une épreuve finale extraordinaire, mais le rêve de la plupart des spectateurs de voir un lutteur japonais gagner le championat pour la première fois depuis six ans n’a pas été réalisé. J’avoue que cela m’a un peu déçu.

Le dernier jour d’un tournoi, la fin des combats est avancée d’une demie heure en raison de la tenue d’une cérémonie de remise des prix. J’avais déjà assisté plusieurs fois aux combats du dernier jour, mais je n’étais jamais resté jusqu’à la cérémonie.

Cette fois-ci, je suis resté jusqu’à la fin. Depuis longtemps, j’avais une petite remarque au sujet de la cérémonie de remise des prix. Juste avant que toute la salle procède au chant de l’hymne national, les organisateurs demandent les spectateurs de se lever. Je ne remets pas en question le fait que les spectateurs se lèvent, bien au contraire, cela me semble tout-à-fait normal. Mais je ne comprends pas pourquoi on a besoin de faire cette demande.

De par le monde, lorsque’un hymne national est exécuté, tout le monde se lève naturellement sans se faire demander. Depuis longtemps, je pensais que le Japon est un pays très particulier sur ce plan. Mais je me suis surpris à constater que cette pensée était erronée.

Dans la salle, il y a plusieurs types de loges. Et dans les loges d’avant-scène, il y a des spectateurs assis les jambes pliées. Comme c’est une posture tout-à-fait digne, ces gens peuvent se demander s’il faut se lever ou non. D’où le sens de la demande faite par les organisateurs.

Ce jour, tous les spectateurs ont chanté debout l’hymne national. Même les spectateurs étrangers se sont levés, exprimant leur respect pour l’hymne japonais.

Je me suis surpris à voir que je chantais plus fort que d’habitude. Cette journée a été l’occasion pour moi de me rappeler qu’il y a encore une tradition de cette nature qui nous enchante.