La visite à Singapour[Octobre 2013]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

La visite à Singapour[Octobre 2013]

Bien que la chaleur et la fraîcheur s’alternent encore, nous avons le sentiment que l’automne commence enfin à s’installer.

Cet été était particulièrement chaud. Au moment où j’emplis cette colonne, il fait un temps caniculaire. On peut supposer que le nombre de ceux qui ont été victimes de la déshydratation a battu le record cet été. Et cette chaleur caniculaire a grandement affecté la nature, laquelle exerce un pouvoir immence sur notre vie.

Ce qui m’a préoccupé le plus était la montée de la température des eaux des rivières et des fleuves. Une variation de la température de l’eau peut provoquer une altération de l’écosystème, voire des dégâts sur ce dernier. Aujourd’hui, la presse consacre malheureusement peu de couverture à la croissance et au frai des poissons, ni à la vie des plantes aquatiques et des coraux. Je suis vraiment inquiet pour une montée régulière de la température des eaux dans lesquelles ces êtres vivent.

Les animaux et les végétaux originaires de la terre japonaise sont généralement moins forts que ceux qui viennent de l’étranger. Ceci me fait penser au fait que le Japon soit vulnérable à la pression exercée par l’étranger.

Fin août, j’ai donné, comme toutes les autres années, des leçons de thé au sein de l’université nationale de Singapour. De nombreux membres du club de thé de cette université y ont participé, animant ainsi l’événement. A cette occasion, j’ai enseigné des manières diverses de servir du thé telles que ‘daitenmoku’ (présenter un bol de thé posé sur un plateau), ‘satsûbako’ (présenter deux types de thé), ‘bondate’ (manière très simple de servir du thé avec comme outil un plateau sur lequel est posée une boîte à thé), ‘ryomeibutsu’ (présenter des bols communément reconnus et ceux aimés par Enshû), ‘chawanhiki’ (cérémonie du thé dans laquelle l’hôte présente pour la première fois ses bols récemment acquis), ‘tabidansu’ (armoire portable) et ‘tenrai’ (armoire dont on se sert dans une salle occidentale).

Au cours de mon séjour singapourien, j’ai servi du thé aux ambassadeurs des pays membres de l’Asean réunis à l’ambassade du Japon à Singapour à l’occasion du quarantième anniversaire des relations entre le Japon et cette entité régionale. J’y étais accompagné par MM. Sosei Miura et Soki Kodera, tous deux maîtres de thé chargés des relations internationales de l’Ecole Enshû, quelques-uns de leurs disciples et six étudiants de l’université nationale de Singapour. Lors d’un repas organisé à la suite des séances de thé, les invités nous ont adressé des paroles élogieuses, appréciant un déroulement serein des cérémonies du thé et une bonne combinaison des matériels de thé. Nous en étions très honorés.

Je saisis cette occasion pour renouveler mes remerciements à M. Yoichi Suzuki, ambassadeur du Japon à Singapour, pour m’avoir offert l’occasion chaque année d’oragniser des cérémonies du thé du style Enshû dans sa résidence.

Le fait que j’aie pu participer à un événement lié aux relations internationales avec implication de la mission diplomatique japonaise après deux événements similaires intervenus respectivement en Pologne et en Hongrie en avril est quelque chose de tout-à-fait inoubliable pour moi.