Le salut ou inclination de tête en Sadô[Août 2015]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

Le salut ou inclination de tête en Sadô[Août 2015]


En août, j’ai l’habitude de mettre dans le tokonoma une calligraphie faite par le 12e grand maître de thé Koshin Sôkei, mon père, et qui veut dire « L’ermite dans le bois a son esprit tranquille ». En saluant devant le tokonoma, je songe à l’état mental de mon père et à celui de mon grand père qui fit une calligraphie signifiant : « Avec le verdoiement de la végétation, nous nous sentons bien » que j’ai citée dans mon dernier article.

L’état mental qui inspire ces deux calligraphies est très difficile à atteindre à une époque où les gens sont souvent pressés par le temps et troublés par une foule d’informations.

Comment et dans quelles circonstances pourrait-on avoir l’esprit tranquille ? Comme celui-ci est quelque chose qui s’établit intérieurement, il doit concerner l’état d’esprit de chacun. On peut penser que, lorsqu’une personne sait maintenir son esprit à l’état normal même si elle est débordée ou elle passe par des moments difficiles, elle a atteint à cette tranquillité d’esprit. J’invite les praticiens de l’art de thé à essayer d’atteindre à cet état dans leurs entraînements quotidiens.

Une période chaude comme le mois d’août est surtout opportune pour qu’on se livre à une lutte intérieure. Lorsqu’on se rend dans une salle d’entraînement, on se lave la bouche et les mains au lavabo. Cet acte n’est pas qu’hygiénique : en se lavant ces parties du corps, les invités se purifient l’esprit. Avant d’accéder au salon de thé, ils posent leur évantail et salue ; ils s’assaye devant le tokonoma et salue encore. Faire une inclination de tête n’est pas seulement un signe de salut, c’est aussi un processus par lequel on retrouve sa modestie.

Dans une cérémonie du thé, la plupart des actes s’accompagnent d’une inclination de tête. Celle-ci se renouvelle très souvent. Il s’agit d’abord d’une expression de politesse vis-à-vis des autres, mais c’est aussi et surtout un acte qui consiste à éliminer toute pensée arrogante.

Se laissant entraîner, les hommes prennent parfois une attitude hautaine. Il leur arrive de se comporter avec arrogance et de regretter par la suite d’avoir fait une faute. C’est la nature de l’homme. C’est pourquoi il est important qu’on réfléchisse sur son action.

Convainqu que l’art de thé est un processus par lequel on acquiert cette modestie naturellement, je tâcherai d’atteindre au perfectionnement