Le balayage[Juillet 2015]

Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado

Le balayage[Juillet 2015]

‘Yukei Midorifukaku Onozukara Kanbashikuari’ (Avec le verdoiement de la végétation, nous nous sentons bien). Il s’agit d’une calligraphie faite par Somei, 11e grand maître de notre école et qui est posée dans le tokonoma de la salle de thé Koeitei à cette saison. Passée la période de furo de juin et juillet, au plein de l’été, le jardin du pavillon Jôjuan est couvert de verdure et la rosée sur la mousse, resplendissant au soleil, est magnifique.

Lorsque je regarde cette verdure, je sens se calmer mon coeur. Mais, pour conserver cette beauté, il faut faire quelques soins quotidiens : balayage journalier du jardin, arrosage et désherbage.

Vous comprendrez bien qu’afin de maintenir quelque chose en bon état, il faut que vous fassiez des efforts qui échappent parfois à autrui. Sur ce plan, la nature nous apprend beaucoup de choses.

Un des enseignements que j’ai tirés de la période d’apprentissage passée au temple Zen de Keitoku était le balayage, chose que j’ai apprise de la nature.

Qui dit balayage dit travail simple. Mais on se trompe : certes, chaque matin, après s’être levé, on se met à balayer tous les jours et exactement les mêmes endroits, mais selon les saisons, la façon de manier le balai et celle d’arroser changent.

Dans un temple Zen, en été, le soleil se lève tôt, donc il faut qu’on se lève vers quatre heures et demie et en hiver, environ une heure de décalage. L’idée étant qu’en été, il faut se mettre au travail avant que le soleil tape et qu’en hiver, après que le ciel s’est éclairci.

En période estivale, la balayeur passe le plus clair de son temps au désherbage. Celui-ci est un travail qui ne finit jamais, car il pousse de mauvaises herbes tout de suite. Lorsque j’effectuais mon stage au temple Zen, j’étais jeune et m’ennuyais à ce travail. Un jour, j’ai essayé d’extirper les mauvaises herbes, faisant des trous partout dans le jardin. Alors, mon maître de Zen me dit : « Cela ne sert à rien. Comme les mauvaies herbes sont semblables aux désirs humains, elles ne disparaîtront jamais. Au lieu de les supprimer, il faudrait penser à faire face lorsqu’elles apparaissent. N’assayez pas de les extirper, mais enlevez-les tout de suite après qu’elles sont apparues. »

Cela va de même pour les feuilles mortes qui tombent à la fin de l’automne. On balaye, mais un coup de vent fait tomber de nouvelles feuilles. Mais on peut trouver un intérêt à ce travail de ramassage.

Dans un entraînement à la cérémonie du thé, avant de servir du thé, on se purifie les mains et la bouche, purifie les ustensiles de thé tels que les bols. Ce travail a un intérêt matériel, mais en purifiant les objets et en se concentrant sur cet acte, les praticiens de thé se purifient eux-mêmes.

Si vous prenez conscience de tout ce que je viens d’évoquer, vous apprendrez mieux l’art de thé.