Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Soixantième anniversaire de ma naissance[Décembre 2016]
Nous sommes déjà à une période où nous sommes amenés à songer au bilan de l’année finissante. Une série de manifestations se sont succédé cette année, célébrant l’anniversaire de ma naissance. Le lendemain du 17 septembre où j’avais été invité à une réception organisée à l’occasion de cet anniversaire, je me suis déplacé à Akita. Ce voyage a été suivi de ceux à Aichi, Aomori, Fukuoka et Fukui-Higashi. Dans chacun de ces déplacements, les personnes que j’ai rencontrées ont eu la gentillesse de m’adresser des félicitations. J’en étais réellement très ravi.
En particulier, lors d’une cérémonie du thé organisée en octobre à l’hôtel Hasshoukan, la séance de thé épais a été préparée par d’éminents praticiens du thé de la région qui ont utilisé des ustensiles liés au souvenir du père fondateur Enshû. Le tokonoma était décoré d’un tableau représentant un hotei (moine ambulant) fait par Mokkei. Ce tableau était assorti d’une lettre indiquant qu’il fut marouflé par Enshû et portait les éloges adressés par Shikkei Shingetsu, lequel était très lié à Enshû. Le vase à fleurs était un céladon de la famille Owari-Tokugawa. Comme ustensiles de thé, on y trouvait un pichet de Takatori, une boite à thé du type Bizen-Hashirii, le bol à thé dit tamagote-shawan figurant dans la collection d’ustensiles de thé des trois premiers grands maitres de l’école Enshû et la cuiller dite Irogawari faite par Enshû lui-même.
Comme je l’ai déjà évoqué dans l’article précédent, les ustensiles d’Enshû sont individuellement beaux, mais une fois qu’ils sont bien sélectionnés et combinés pour une cérémonie du thé particulière, ils deviennent davantage agréables à l’œil et à l’esprit des convives. C’est pourquoi ont dit que l’école de thé Enshû incarne le raffinement et la sobriété.
La réunion plénière organisée du 22 au 24 octobre par la fédération de Fukuoka s’est fort agréablement déroulée grâce notamment à des matériels bien sélectionnés. La séance de thé épais a eu lieu au temple Shofukuji ouvert par le moine Yousai qui introduit au Japon le zen et le thé en poudre. Elle a été précédée par une présentation de thé au feu moine. Et la séance de thé léger s’est déroulée au temple Tojoji ouvert par le moine Kobodaishi avec cette particularité que des enfants de tous âges ont servi du thé, ce qui était une première pour les réunions de ce type. Inutile de dire que les convives s’attendrissaient à ce spectacle. Enfin, en ce qui concerne la séance de thé debout, elle s’est tenue dans une salle de réception de l’hôtel Okura. On avait couvert le plafond de celle-ci par un rideau bordeaux qui a rendu la réception fort agréable. Chaque fois qu’une réunion plénière est organisée, la fédération concernée fait effort pour mettre en valeur les particularités de sa région. Les convives s’en réjouissent davantage. L’année prochaine, la manifestation plénière sera co-organisée par quatre fédérations dans la ville natale d’Enshû. Je me réjouis à la perspective de cette manifestation.
Enfin, le premier jour de la réunion plénière, à la demande du Ministère de l’éducation nationale et des sciences, nous avons organisé une cérémonie du thé dans la salle Okyokan du Musée national de Tokyo en présence de CEO d’entreprises et de journalistes étrangers. Cette manifestation s’inscrivait dans le cadre d’un programme d’échanges sportifs et culturels et de forums internationaux de cette institution. Elle a été honorée de la présence de son Altesse la Princesse Takamadonomiya Hisako, invitée d’honneur, et du directeur général de l’Agence de culture, M. Miyata. Lors de la séance de questions-réponses qui a suivi la conférence et la cérémonie du thé, j’ai eu beaucoup de questions très originales comme on pouvait attendre d’un public étranger. Elle a été fort enrichissante pour moi.
A l’heure où s’achève l’année 2016, je vous présente tous mes vœux de bonheur et de prospérité.