Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Vingt-cinquième anniversaire à Singapour[Octobre 2015]
Je ne saurais donner d’autres qualificatifs que « caniculaire » à cet été. Pourtant, vers fin août, on a brusquement senti l’approche de l’automne. On a du mal à supporter ce changement subit des saisons.
Justement vers fin août, j’ai effectué un traditionnel déplacement à Singapour. Ce qui caractérise mon voyage de cette année est que l’Ecole Enshû célèbre le vignt-cinquième anniversaire de sa coopération avec l’université nationale de Singapour (UNS) dans le domaine de l’art de thé. De nombreuses manifestations ont été organisées à cette occasion. Et, l’année prochaine, Singapour célèbrera le cinquantenaire de sa fondation. Nous étions heureux de participer au « prélude » de cette célébration.
Au coeur de ces différentes manifestations était la représentation du film documentaire « Mon père est un grand maître de thé » passé l’année dernière dans tout le Japon. Le filme a été passé deux fois, d’abord le 21 août, à l’issue de la cérémonie célébrant le vingt-cinquième anniversaire des relations entre l’UNS et l’Ecole Enshû à laquelle s’est associée l’Ambassade du Japon à Singapour et, ensuite le lendemain, au Centre créatif du Japon. Les réactions des spectateurs étaient très favorables et nous avons reçu beaucoup de questions à l’issue des séances. Dans les deux établissements, avant et après chaque séance, nous avons offert du thé aux visiteurs qui sont venus très nombreux.
L’Ambassadeur du Japon à Singapour et le Vice-Président de l’UNS (représentant du Président de cette dernière) ont honoré de leur présence la cérémonie célébrant le vingt-cinquième anniversaire des relations entre cette université et notre maison. Cacune de ces personnalités m’a remis un prix pour récompenser les vingt-cinq ans de coopération. C’était à la fois un grand honeur et un réel plaisir pour moi. Monsieur Haruhisa Takeuchi, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiel du Japon à Singapour, a eu la gentiesse d’évoquer, dans son discours, mon prédécesseur et mon père Koshin Sokei qui, selon l’Ambassadeur, a jeté les bases de cette coopération. Cette évocation m’a beaucoup touché, rappelant que j’ai pu hériter de mon père cette coopération que j’ai peu à peu rendue substantielle. L’UNC a également remis un prix spécial à Monsieur Sosei Miura, Professeur à la Division internationale de l’Ecole Enshû, qui enseigne le thé aux étudients en dehors de mes visites à Singapour.
Lors de cette cérémonie du thé, des étudients et des anciens de l’université se sont chargés de servir du thé, de jouer l’encadrement et d’expliquer la combinaison des ustensiles. C’était la première fois qu’ils ont travaillé comme assistants dans une cérémonie officille du thé. Je pense que cette expérience leur permettra de progresser en la matière.
Le 24 août, nous avons organisé au collège de Kranji un cours de thé pour enfants. A la différence du Centre linguistique du ministère de l’éducation nationale de Singapour où nous avions donné un cours similaire l’année dernière, ce collège n’a aucun caractère international. Donc, les élèves ne comprenait pas du tout le japonais, mais cela ne nous empêchait pas d’échanger agréablement autour de tasses de thé.
Entre deux manifestations, les élèves de mon école ayant participé à mon déplacement et moi-même avons visité le cimetière des Japonais. Y sont honorés les les soldats tombés pendant la seconde guerre mondiale. Mon père y était allé il y a vingt-cinq ans et offert du thé aux âmes défuntes.
Cette année, le Japon commémore le soixante-dixième anniversaire de la fin de la guerre. Nous sommes ici grâce aux efforts déployés par ceux qui ont perdu leur vie chère, loin du Japon, au service de leur patrie. Le devoir des Japonais d’aujourd’hui est de ne pas oublier cette histoire et de transmettre celle-ci aux générations futures.