Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Ce que les athlètes nous enseignent[mois d’avril 2018]
De nos jours, nous sommes quelque peu habitués au dérèglement climatique, mais il me semble que le début de cette année connait de fortes variations météorologiques. Celui-ci se caractérise également par le fait que l’on observe des phénomènes très divers d’une région à l’autre de l’archipel japonais.
Lorsque j’ai visité la ville de Kanazawa, qui venait d’être frappée par d’importantes chutes de neige, j’ai constaté que les bords des rues de cette ville étaient occupés par plus d’un mètre de neige. J’étais très inquiet pour d’autres villes de cette région dont on disait qu’elles étaient victimes de chutes de neige plus importantes encore.
En ce qui concerne l’actualité sportive, il nous faut évidemment signaler la tenue des JO d’hiver de Pyeongchang fin février. Tandis que nos compatriotes étaient enthousiasmés par l’obtention record de médailles par les athlètes japonais pour les JO d’hiver, ceux-ci se caractérisaient par l’intervention sans précédent de considérations politiques. Celles-ci comprenaient non seulement les enjeux politico-diplomatiques qui intéressaient certaines nations, mais aussi les attentions particulières que le CIO prête par son mercantilisme aux sponsors et le traitement favorable qu’il accorde aux grandes nations. Nous avons remarqué ça et là le manque de prévenance à l’égard des sportifs.
Quoi qu’il en soit, ce qui comptait, c’étaient les athlètes. Nous avons été émus aussi bien par les performances des vainqueurs que par la franchise des vaincus. En ce qui concerne les jeux d’hiver, les stades et les terrains d’entrainement sont peu nombreux, si bien que les athlètes du monde entier partagent leur temps et leur espace beaucoup plus que ceux des autres sports ne le font. Particulièrement pour ce qui est du patinage artistique, les sportifs se connaissent dès leur adolescence et, même s’ils sont rivaux, ils passent souvent leur temps dans des mêmes endroits. C’est pourquoi, après la compétition, ils font des gestes destinés à se louer et se respecter réciproquement.
J’ai eu la chance de regarder en direct les quatre épreuves dans lesquelles les médailles d’or ont été attribuées aux joueurs japonais. Chaque fois, le moment culminant était à couper le souffle. Et lorsque la victoire était acquise, je poussais des cris de joie et versais des larmes de joie.
S’il y a joie, il y a dépit. Les deux sont à prendre en compte dans notre vie. Je ne manquerai pas de tirer les enseignements de cette magnifique manifestation sportive pour mieux pratiquer l’art de thé.