Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Ce que nous devons faire
Dans le milieu du ‘ Chanoyu’, le mois de novembre est la période où nous procédons à l’ouverture d’une boîte contenant du thé nouveau et l’installation d’un bouilloire dit ‘ Ro’. Pour nous qui travaillons dans ce milieu, c’est pratiquement le commencement d’une nouvelle année. Nous sommes donc un peu sous pression.
Traditionnellement, les Japonais ont toujours vécu de la nature, par la nature et avec la nature. C’est ainsi que nous nous sommes forgé la culture japonaise. Notre responsabilité consiste à transmettre nos traditions aux générations futures.
J’ai écrit, dans cette colonne, deux fois consécutives, sur les commentaires faits par nos athlètes qui ont participé aux J.O. de Londres. L’essentiel de ce que je voulais dire par ces écrits était que notre conception de la vie repose sur l’idée suivante : convaincus que notre existence est assurée par les personnes et les objets qui nous entourent, nous nous sentons profondément reconnaissants envers eux au lieu de nous vanter de nos mérites.
Cela dit, lorsque nous nous tournons vers l’extérieur, nous constatons que ceux qui adhèrent à la conception japonaise de la vie sont minoritaires. Il est donc important pour nous les Japonais de prendre conscience de cet état de chose.
Là, je ne parle pas politique.
Mais il est important de noter que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, nous sommes passés d’une période de pauvreté à une période d’enrichissement. La recherche d’un confort meilleur était le rêve de tous les Japonais. Ceci ayant été réalisé, nous avons perdu quelque chose de précieux.
Pour que l’idée qui nous était chère, celle qui consiste à agir de manière à ne pas attirer du désagrément aux autres, puisse retrouver sa place dans notre société et que nous puissions la diffuser à travers le monde, il faudrait que nous mêmes, nous retrouvions notre identité culturelle. Le Sadô est un des moyens d’affirmation de celle-ci. Il consiste à inclure toutes les différences et de les harmoniser. Nous pouvons être fiers de cette tradition.
Le message que je voudrais délivrer à mes compatriotes est que nous sommes le peuple du monde qui aime le plus ses ancêtres. Nous devons vivre dans cet univers mondialisé avec la confiance en nous mêmes.
« Vous me comprendrez sans que je vous dise ce que je pense », cette idée là ne passe pas dans le reste du monde. Apprenons tous les jours pour que nous puissions dire sereinement, mais clairement ce que nous pensons !