Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
Les trois premiers jours du nouvel an[mois de mars 2020]
Je me félicite de constater que le premier nouvel an de l’ère Reiwa a bénéficié d’un beau temps. Les premières cérémonies du thé de la nouvelle année se sont déroulées aussi bien dans le centre d’entrainement de Tokyo que dans la maison de la culture du thé de Fukuoka. Nous envisageons désormais la préparation d’une séance de thé en plein air qui aura lieu en mars prochain à la mémoire de notre père fondateur Kobori Enshû.
Dans le précédent article, j’ai relaté ce qui s’était passé depuis le réveillon jusqu’au matin du 1er janvier. Cette fois, j’aimerais évoquer la suite.
Après la séance de thé du réveillon dans le salon de Jojuan, je transfère les charbons utilisés à cette occasion au four installé dans le salon de Taishakutei. Je me repose un petit peu tout en veillant à ce que le feu ne s’éteigne. Entre-temps, je prépare du thé et le nouvel an arrive. A minuit pis, j’offre du thé aux grands maitres successifs à commencer par Kobori Enshû. Après la lecture de livres sacrés du bouddhisme et la dégustation du premier thé du nouvel an, ma famille s’en va et se couche. Moi, je ne vais pas au lit tout de suite. Je surveille le feu et, le moment venu, je le mets en veilleuse. Ces dernières années, mon fils Shota y est présent. Et nous avons un bref sommeil. Je me lève à 7 heures et retourne au salon de Taishakutei. A ce moment-là, s’il y fait un peu bon et que j’entends un léger bouillonnement du four, je suis rassuré. Et je vérifie l’état des charbons. Si ces derniers ont des restes, cela veut dire que le feu de l’an dernier a été bien transmis. Alors, j’ai le sentiment d’avoir accompli une mission importante. Je pense que mon père a partagé ce sentiment. Enfin, j’enlève les charbons de l’année dernière, y en mets de nouveaux et y mets le feu.
Nous sommes onze à boire du saké et manger des plats du nouvel an avec la famille Asai. Le même rituel est exécuté les trois premiers jours. Ces plats ont d’une variété extraordinaire et leur recette a été transmise par ma mère. Après le petit déjeuner, nous buvons tous du thé dans le salon de Taishakutei. Je suis le premier à servir et les autres se relayent à tour de rôle. Cela crée une atmosphère de fête bien douce. Mon père occupait la place qui est la mienne maintenant et devait se réjouir de cette intimité de la famille. Après cette dégustation de thé, nous recevons des visiteurs divers tels que des acteurs de kabuki etc. Ainsi, nous sommes bien occupés à cette période-là. Les premières cérémonies du thé officiel auront lieu par la suite. Je les évoquerai dans une autre occasion.