Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
A la fin de l’année[Décembre 2017]
Dans les milieux de l’art de thé, chaque fois qu’une année touche à sa fin, nous préparons des manifestations célébrant la fin d’année, une cérémonie du thé du Réveillon et faisons un ménage complet de la maison. En même temps, nous travaillons dans la perspective des premières activités de l’année qui vient : ménage du dépôt des ustensiles majeurs, mise en ordre des matériels d’entrainement, changement des tatamis et du papier pour les shojis, réparation des objets endommagés, ramassage des feuilles mortes dans le jardin, remplacement de la haie par des bambous verts et répandre des feuilles de pin dans le jardin contigu au pavillon de thé… Tant de choses à faire ! Ceux qui ont vu le documentaire télédiffusé en mars dernier et le film « Mon père est Maitre de thé » comprendrons de quoi il s’agit. En tous cas, ce n’est pas une mince affaire que de faire autant de choses chaque année.
Dans ce dernier article de cette année, je voudrais évoquer une réunion nationale tenue en octobre dernier à Nagahama dans la préfecture de Shiga. Comme vous devez le savoir, cette préfecture est le lieu de naissance de Kobori Enshû et celui-ci avait des liens particuliers avec le quartier de Kobori de la ville de Nagahama. C’était la première fois qu’une manifestation nationale y a eu lieu. Les quatre fédérations de la préfecture de Shiga, Nagahama, Asai, Shigakofu et Tankai se sont jointes pour coorganiser cette réunion.
En fait, malgré son statut de lieu de naissance, la préfecture de Shiga n’avait aucune fédération jusqu’à il y a un peu plus de vingt ans et ne trouvait donc presque pas d’élèves de l’école Enshû.
Mais, en 1996, lors de la commémoration du 350e anniversaire de disparition de Kobori Enshû, un certain nombre de responsables de l’école Enshû dont mon père et moi-même ont visité cette préfecture et cet événement a permis de provoquer une dynamique pour créer des fédérations. Le fait qu’une telle réunion se soit tenue vingt ans après ma visite est assez significatif. En plus, il est à noter que les dernières manifestations nationales n’avaient pas accueilli autant de visiteurs. Cette mobilisation massive s’expliquerait par la volonté de la majorité des élèves de l’école de se rendre en pèlerinage sur le lieu de naissance du père fondateur. Forts de cette volonté partagée, les fédérations et les convives ont collaboré ensemble pour la réussite de cette réunion. Dans chacune des séances de thé, il y avait des inventions et des idées nouvelles. Bien sûr, on constatait çà et là un manque d’expérience. J’espère que les responsables de ces fédérations en prendront conscience et qu’ils feront mieux la prochaine fois.
Comme je disais au début de cet article, la voie de l’art de thé n’est rien moins que la continuité et la répétition. Faire la même chose demande un effort quotidien. Je fais cette constatation à la fin de l’année en me rappelant la réunion d’octobre.
Je vous remercie du soutien que vous avez bien voulu apporter à notre école tout au long de l’année 2017.
P.-S. Après le délai prescrit de cet article, a été tenue le 29 octobre une cérémonie du thé commémorant le bicentenaire de la disparition de Matsudaira Fumai au temple Otowa Gokoku-ji. Les détails de cet événement devraient être publiés dans le prochain numéro du « bilan de l’activité de la maison ». Je saisis cette occasion pour remercier le temple Gokoku-ji et, en particulier, le grand maitre de l’école Mushakouji-Senke, M. Sen Sooku avec lequel j’ai participé à ce grand événement.