Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
‘Hon’[Janvier 2015]
Je vous présente tous mes voeux de bonheur et de prospérité pour l’année 2015.
2014 était une année de catastrophes naturelles au Japon. Chaque fois qu’un sinistre survient, je songe aux limites de la force humaine et au respect que nous devrions avoir pour la nature. Nous vivons dans un pays où l’on a tendance à faire passer les intérêts économiques avant toute chose. Je pense qu’il est temps de réfléchier sur le fondement de l’organisation de notre vie sociale.
Comme par hasard, le thème de poème donné par l’empereur à l’occasion du nouvel an est ‘hon’ qui veut dire à la fois ‘fondement’ et ‘livre’. Ces dernières années, les thèmes sont souvent d’un seul mot. Mon père disait qu’il lui était difficile de faire un poème sur un thème trop simple. Je suis un peu comme mon père, mais je me console en me disant que ce n’est pas ma spécialité. Et j’essaie de faire de mon mieux sur ce plan.
Cela dit, le thème de cette année me paraît intéressant. Premièrement, il nous permettrait de réfléchir sur nos relations humaines et sur le fondement de notre pays. Deuxièmement, il contribuerait à sonder l’état d’esprit des Japonais face au phénomène de désintérêt de la lecture.
Dans l’art de thé, afin de maitriser la préparation du thé, il faut une connaissance et une technique approfondies. Le perfectionnement de l’art de thé n’est possible que si vous êtes en bonne santé physiquement et moralement. Lorsque que vous prenez le chemin de l’art de thé, vous êtes forcément confronté à rudes épreuves
En quelque matière que ce soit, on n’arrive jamais à atteindre ses objectifs sans difficultés Cela est tout-à-fait normal. Lorsque l’on rencontre un obstacle majeur, il vaudrait mieux qu’on revienne à la base. Ceci est valable non seulement pour l’art de thé, mais aussi pour toutes les autres matières.
Nous sommes souvent influencés par des nouveautés, des choses curieuses. Cette tendance est prononcée dans des sociétés IT. C’est la raison pour laquelle je dit qu’il faudrait parfois arrêter le temps.
Dernièrement, une émission de télévision posait des questions, dans un tournage des extérieurs à l’étranger, à des étrangers nippofiles, à savoir « Pourquoi aimez-vous le Japon ?», « Pourquoi vous vous intéressez au Japon ? » etc. Parmi les réponses données, il y en avait deux qui m’ont interpelé.
La première était que l’intérrogé s’intéresse à la culture et l’histoire japonaises, mais il aime surtout le Japon du fait que l’ordre règne dans ce pays. La deuxième était que le nippofile n’avait pas le sentiment, lorsqu’il était au Japon, d’être dépaysé. Je vous laisse le soin d’analyser cette dernière réponse.
Je voudrait que vous ayez la fierté d’appatenir à un pays et à un peuple très aimés du monde et la confiance dans votre patrie Et, personnellement, je souhaiterait agir de manière à maintenir cette fierté et cette confiance.