Le journal du grand Maître de thé
par KOBORI Sojitsu,
treizième grand Maître de l’Ecole Enshu Sado
A la fin de l’année
La 46e grande Réunion nationale, qui s’est tenue le 14 octobre dernier, a été un grand succès. Il va sans dire que les organisateurs de chaque salon de thé ont fait tout leur possible pour que les visiteurs soient satisfaits. Et j’ai été particulièrement impressionné par la tenue de cérémonie que les visiteurs masculins portaient dans le salon de ‘nocha’ ou thé fort. Le séminaire-réception, qui a suivi les différentes cérémonies du thé, s’est déroulé d’une manière remarquable malgré tous les ennuis que nous avons eus à cause de la proximité du lieu de notre séminaire-réception de celui de la conférence du FMI. Je saisis cette occasion pour remercier tous ceux qui ont participé à l’organisation de notre grande manifestation.
A l’occasion de la fin de l’année 2012, je voudrais reprendre dans cette colonne le discours que j’ai prononcé lors de la grande Réunion, discours qui exprime toute ma pensée d’aujourd’hui.
Début de citation :
« Enrichir notre esprit à travers le Chanoyu », tel est l’objectif, comme vous le savez, que l’Ecole Enshu s’est assigné pour le 21e siècle. Le mot « cœur » se prononce en japonais ‘shin’ qui veut dire aussi la personnalité, la vérité ou la sincérité, bref tout ce qui est nécessaire pour constituer un homme digne de ce nom.
Le « Chanoyu » est une des cultures traditionnelles les plus représentatives du Japon. C’est le seul lieu où l’hôte et l’invité puissent se communiquer de ‘cœur à cœur’. Parfois, c’est l’invité qui joue le protagoniste et, d’autres fois, c’est l’hôte qui se situe au centre de l’espace de communication. Le « Chanoyu » est réellement un moyen pour les hommes de se côtoyer qui est malheureusement en passe d’être oublié.
J’accorde de l’importance aux expressions « Permettez-moi de boire avant vous », « C’est excellent » et «Merci beaucoup » (pour m’avoir servi). On utilise ces trois expressions pour expliciter respectivement le respect que l’on porte envers l’autre ou les autres présents dans le même espace, un sentiment naturel et les remerciements pour tout. Le souhait de notre Ecole Enshu est de voir que ces expressions soient utilisées partout dans la vie quotidienne.
Soit dit en passant, mon père Koshin Sokei est décédé au printemps 2011. Il a relevé l’Ecole Enshu, laquelle était quelque peu effritée dans la tourmente d’après-guerre, celle que Kobori Enshu fonda en tant qu’héritier de Rikyu et d’Oribe. Ce fut un excellent père et un excellent ‘chajin’ ou celui qui pratique la cérémonie du thé.
Le 1er janvier 2001, début du 21e siècle, j’ai succédé au 12e grand Maitre, prenant le titre de 13e grande Maitre de l’Ecole Enshu. Depuis lors, pendant dix ans, mon père et moi n’avons cessé d’échanger nos idées sur l’avenir de notre Ecole. Alors que la situation intérieure et extérieure du Japon est très difficile, l’intérêt du « Chanoyu » prend tout son sens. Il est primordial d’assurer la transmission des traditions de génération en génération. Je considère ce que mon père m’a confié comme une mission. La dernière promesse que j’ai faite à mon père était de renforcer les moyens de communication de l’Ecole Enshu. Je la tiendrai.
Soyez fières de pratiquer la cérémonie du thé et confiants en vous-mêmes. Faisons ensemble le premier pas dans la construction de l’avenir du Japon.
Avant de terminer mon discours, j’ai un message à adresser à ceux qui pratiquent la cérémonie du thé. Premièrement, prenez plaisir à la pratiquer. Prendre plaisir est toujours important dans n’importe quel domaine. Deuxièmement, comme le mot « Chado » ou la voie du thé l’indique, c’est un domaine à étudier à fond. Et j’espère que le « Chado » finira par donner un sens nouveau à votre existence.
Je termine mon discours en vous présentant un petit poème :
« C’est seulement en prenant plaisir à étudier le Chanoyu que celui-ci deviendra une voie qui donnera un sens nouveau à notre existence »
Merci beaucoup de votre attention.
Fin de citation
Je vous présente les meilleurs vœux pour la nouvelle année.